Les lunettes reconditionnées remboursées par la Sécurité sociale : posons-nous les bonnes questions pour que cela soit faisable ?

Que l’on soit POUR ou CONTRE, si un jour les lunettes qui ont déjà un vécu doivent être remboursées, cela doit se faire dans les règles pour éviter toute déconvenue et que cela soit pérenne dans le temps.

Alors, quelles sont les questions que nous pouvons soulever ? Et surtout, comment savoir si ces questions ont bien été prises en compte ?

Voyons cela ensemble :

Bien entendu, ici, nous abordons la problématique sous l’angle de l’écologie.

Lunettes reconditionnées : qu'est-ce que cela veut dire ?

Reconditionné est un adjectif qui qualifie des produits qui ont déjà servi et qui passent par le service technique d’un revendeur ou d’un fabricant avant d’être réemballés et remis en vente.

Le décret n° 2022-190 du 17 février 2022 encadre strictement l’emploi des termes « reconditionné » et « produit reconditionné ». Ce décret fait suite à la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire qui a inscrit le terme « reconditionné » dans le Code de la Consommation (article L122-21-1).

Pour la subtilité :

Si vous faites l’acquisition d’un objet déjà possédé par au moins une personne auparavant, il est considéré comme étant de seconde main, quel que soit son état. Un objet reconditionné représente également un produit de seconde main, mais il a été vérifié et réparé si nécessaire avant d’être remis en vente.

L’avantage par rapport au neuf est de :

  • prolonger la durée d’utilisation des produits,
  • réduire la consommation de nouvelles ressources.

Ainsi, rentrent dans cette catégorie toutes les lunettes ayant été achetées, ayant eu un vécu, puis récoltées pour être analysées puis remises en état.

Ne rentrent pas dans cette catégorie, toutes les montures sorties de collection ou issues de fin de collection.

Les lunettes dites “vintage” peuvent aussi bien appartenir aux lunettes reconditionnées que celles sorties de collection.

Est-on sûre de la qualité de la matière des lunettes reconditionnées ?

La question du reconditionnement soulève une question plus profonde de la durabilité d’un produit et donc de la qualité des matières utilisées.

Comme cité ci-dessus, l’avantage du reconditionné est de prolonger la durée d’utilisation des produits, ici des lunettes.

Côté fabricant, l’économie circulaire doit devenir un standard et cela commence par l’éco-conception des lunettes. Le principe de l’éco-conception est de réduire l’impact des objets tout au long de leur cycle de vie, de l’extraction des matières premières à leur régénération tout en passant par leur durée de vie. À noter que la  Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 pousse les fabricants dans ce sens. Le fabricant doit garantir la longévité et lutter contre l’obsolescence programmée.

Pour rappel, l’écoconception implique l’intégration de considérations environnementales dans le développement de produits, visant à créer des biens ayant le plus faible impact environnemental possible tout au long de leur cycle de vie. Jusqu’ici, seuls des secteurs spécifiques étaient dans l’obligation d’employer cette méthode pour créer des produits. Aujourd’hui, l’Union Européenne veut introduire des règles d’écoconception pour presque tous les produits sur son marché.

(Sources : Parlement européen – Règles d’écoconception pour garantir des produits durables sur le marché de l’UE – 2023)

 

Donc, les marques de lunettes ont-elles une obligation de pratiquer l’écoconception de leur produit ? Ont-elles l’obligation de l’évaluer via une Analyse de Cycle de Vie (ACV) ?

Connait-on la traçabilité des lunettes reconditionnées ?

Qui dit lunettes reconditionnées, dit lunettes qui ont une histoire.

Est-on en capacité de connaître la vie d’une paire de lunettes ? Si le porteur de lunettes voit le même opticien à chaque changement et à chaque SAV, la lunette peut avoir un suivi précis avec les factures correspondantes grâce à l’opticien.

Néanmoins, est-il possible, lors d’un don de monture, d’avoir cette traçabilité ?

Pourquoi insistons-nous sur ce point de traçabilité ?

Car cela nous donne :

  • les chocs encourus, les SAV effectués ainsi que les éventuelles réparations faites sur cette monture qui influenceront sur la qualité du reconditionnement,
  • le numéro de série des éléments afin de connaître la traçabilité en amont et voir la durabilité des produits.

Bref, avoir un passeport numérique des lunettes à la portée de tous.

Sachez qu’en mars 2022, dans le cadre du Pacte Vert pour l’Europe et du Plan d’Action pour l’Économie Circulaire (PAEC), la Commission européenne a proposé un ensemble de mesures législatives visant à rendre la quasi-totalité des biens physiques dans l’Union Européenne plus durables, circulaires et efficaces sur le plan énergétique tout au long de leur cycle de vie. Parmi les mesures clés figure l’introduction progressive d’un passeport numérique pour les produits.

(Sources : Environnement Magazine – Le Passeport numérique des produits facilite la transition vers une économie circulaire – 2022)

 

Donc, les lunettes peuvent-elles être traçables pour garantir une qualité durable lors de leur ré-achat ?

Comment gerer le SAV des lunettes reconditionnées ?

Au point de vu légal, il est déjà prévu des conditions de garantie que vous pouvez retrouvez sur le site du gouvernement.

En résumé, la garantie légale de conformité fixé par la loi d’une durée de deux ans, couvre :

  • biens impropres à l’usage habituellement attendu d’un bien semblable
  • biens qui ne correspondent pas à la description donnée par le vendeur même s’ils fonctionnent parfaitement
  • biens qui ne possèdent pas les qualités annoncées par le vendeur ou convenues avec vous
  • biens qui présentent un défaut de fabrication, une imperfection, un mauvais assemblage
  • installation qui n’a pas été faite correctement par le vendeur

Et cela ne s’applique pas quand :

  • vous aviez connaissance du défaut au moment de l’achat
  • vous ne pouviez pas ignorer le défaut au moment de l’achat 
  • le défaut résulte de matériaux que vous avez fournis ou ajoutés

Cela est valable uniquement entre un consommateur et un vendeur professionnel et non entre deux particuliers ou entre deux professionnels.

Lors de la réalisation d’un SAV, vous pouvez (l’option la moins chère) :

  • faire réparer
  • faire remplacer

Voire même étre remboursé si le SAV est impossible.

Et coté lunettes, comment cela se gère ?

Les lunettes reconditionnées dépendent de cette loi.

Néanmoins, est-on conscient de la qualité des lunettes reconditionnées pour éviter  :

  1. toute casse trop fréquente ( pas très agréable pour le porteur et cela peut devenir un gouffre financier pour l’opticien)
  2. tout vice caché suite à l’historique de la monture (qualité, manipulation, durée d’utilisation etc…)

 

Ne serait-il pas mieux de mettre en place la traçabilité des lunettes et connaitre la qualité des matières avant de remettre sur le marché une monture ?

Mais déjà, connait-on ces 2 données de manière chiffrées?… Tant que l’ACV des lunettes n’est pas généralisé dans l’industrie de l’optique ainsi que l’éco-conception des produits, nous sommes dans l’incapacité de fournir ce genre de garantie.

Qui peut gérer le reconditionnement des lunettes ?

Une fois les questions précédentes élucidées, il faut gerer l’étude de qualité des lunettes usagées et son reconditionnement.

L’opticien, via ses études et son expérience sur le terrain est en capacité de remettre en état une paire de lunettes : nous dirons même que c’est un de ses aspects du métier.

Et en leur donnant tous les éléments précednet, cette expertise sera affinée et aidera l’opticien à travailler dans des meilleurs conditions pour le reconditionnement.

Et pourquoi on ne donnerait pas tout ça à une association caritative ?

Cela fait parti du paysage depuis des dizaines d’années : donner des lunettes pour que des personnes dans le besoin en bénéficient.

Mais sommes-nous sûrs que les lunettes données servent réellement à cela ?

Partons d’un constat récent paru sur Acuité : seul 30% des lunettes données au Lion’s Club partent pour les pays qui en ont besoin.

70 % sont jetées, au mieux recyclées, mais en quoi ?… En valeur énergétique à l’autre bout de la planète ?

Nous pouvons faire mieux avec cette précieuse ressource. Et les opticiens savent très bien le faire, et il y a même des entreprises qui se sont spécialisées dans le reconditionnement des lunettes pour les revendre à moindre coût à des personnes en France qui en ont besoin. Leur taux de réemploi est monté à 50 % voire plus !

Et le reste ? Une association française, composée essentiellement d’acteurs de l’industrie de l’optique, s’est donnée comme mission de trouver des solutions pour que ce reste soit réemployé pour créer une vraie économie circulaire. Oui, c’est le rôle de RecyclOptics, mais comme chacun veut trouver SA solution pour se verdir ou alors veut faire QUE du social et pas de l’environnemental, ce fameux reste végète là où ça coûte moins cher…

Bref, tout cela pour dire qu’il est temps que l’industrie de l’optique-lunetterie s’occupe de ses déchets au lieu de les pousser sous un tapis. Nous avons en main une belle ressource pour être réutilisée éthiquement avec des experts structurés ou pour être recyclée de manière éthique en économie circulaire totale. Le tout fait baisser l’impact des lunettes sur notre environnement.

Alors, pourquoi ne pas faire confiance aux nouvelles économies vertes qui nous tendent les bras dans notre industrie ?

Pourquoi a-t-on peur de rembourser des lunettes reconditionnées ?

Rembourser quelque chose qui a déjà été pris en charge est un concept non envisageable. Il peut y avoir des arguments louables dans ce sens au niveau administratif, au niveau législatif, au niveau historique…

Néanmoins, cela ne prend pas en compte le travail effectué sur les lunettes pour qu’elles soient à nouveau réutilisables : sont-elles réellement les mêmes après reconditionnement ?

Par ailleurs, la société change. Nous devons prendre en compte aujourd’hui le facteur planète avec le facteur social.

Certes, le reconditionné n’est pas LA solution miracle pour tous, mais elle l’est pour de nombreux Français.

Pour conlure...

Rembourser des lunettes reconditionnées est une (r)évolution de notre système qu’il faut faire.

Mais il faut l’encadrer pour que cette belle solution devienne une alternative viable pour le métier, économique et rentable pour le porteur de lunettes, et positive pour la planète.

Dans cet article, nous posons des questions, nous soulevons des points sûrement non considérés dans les discussions. Mais maintenant, nous prenons position sur cette consommation qui doit se réglementer du côté de la santé mais aussi du côté de l’écoresponsabilité.

NOTRE POSITION

Les conditions que nous émettrons pour que cela soit juste sont les réponses aux questions posées précédemment dans cet article :

Le remboursement des lunettes reconditionnées oui, s’il y a :

    • L’obligation de l’écoconception dans la création de chaque produit.
    • La réalisation de l’ACV de chaque lunette.
    • Le passeport numérique des lunettes.
    • L’opticien-lunetier expert légitime du reconditionnement sans supplément.

Chez Optic for Good nous avons mis en place ces principes depuis. le départ.

Donc rembourser une monture certifiée Optic for Good est un gage de valeur et de durabilité de vos lunettes. Nous pensons que nos lunettes certifiées Optic for Good devraient etre mieux remboursées rien que par ces arguments de traçabilité et de durabilité assurées…