Cher Monsieur Béchu,

Connaissez-vous la composition de vos lunettes ?

Si vous les portez à la bouche durant vos réflexions, vous devez avoir confiance.

Mais si vous connaissiez réellement leur composition, vous seriez plus attentif.

Cela fait 10 ans que je m’intéresse à l’écologie dans l’optique-lunetterie : j’ai commencé par un blog que j’alimentais après mes heures de travail comme opticienne. J’ai été témoin de l’évolution de l’écologie dans mon métier et dans toute l’industrie.

On m’a souvent prise pour une folle en parlant d’écologie dans cette industrie.

J’en ai vu des allergie ou des intolérances sur la peau de mes clients. Mais c’etait souvent mis sous l’excuse d’un mauvais entretien des lunettes qui accumule les bactéries à l’endroit des frictions… Et  si ça venait de la composition des lunettes ?… CALOMNIE ! Un objet de santé, garantie CE, c’est impossible !

Alors, <<Pourquoi ne pas contrôler un objet de santé qui touche la peau 16h/24 et qui permet de corriger la vue depuis des décennies ?>>… juste pour en être sure…

Et bien, je me suis posé la question et je n’ai reçu aucun retour de l’industrie à ce sujet.

Même si dans d’autres secteurs, on exige la composition exacte des produits et leur impact environnemental via une Analyse de Cycle de Vie (ACV), l’optique-lunetterie est exemptée de ces informations.

Alors, j’ai créé la certification Optic for Good.

Même si ce n’est pas mon rôle de mettre en place les indicateurs d’impact pour mes marques de lunettes certifiées, je le dois à la clientèle qui les portera.

Monsieur Béchu,

Savez-vous où vous allez mettre vos lunettes une fois qu'elles ont fait leur job ?

En tant que Ministre de la Transition Écologique, vous êtes conscient de l’importance du réemploi, de l’économie circulaire et du recyclage.

C’est LE sujet tendance du moment !

Pendant ces 10 dernières années à m’intéresser à l’écologie dans l’optique-lunetterie, j’ai observé le manque de structure pour le recyclage de certains déchets qui envahissent nos magasins d’optique et nos usines de fabrication. En une décennie, je n’ai vu aucune organisation pour l’ensemble de notre filière.

Même si dans d’autres domaines, on exige de suivre la loi AGEC et les recommandations d’une filière Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), l’optique-lunetterie n’a aucune obligation.

Alors, j’ai créé l’association RecyclOptics.

Même si ce n’est pas mon rôle de mettre en place une filière de recyclage des déchets de l’optique-lunetterie, il est plus que nécessaire de trouver des solutions d’économie circulaire pour nos déchets de fabrication de lunettes, de verres, de lentilles et de leurs déchets de fin de vie.

Nous avons obtenu de belles victoires grâce aux adhérents de notre association et avec nos maigres moyens.

Monsieur Béchu,

Savez-vous que cela fait 10 ans que je mets un coup de projecteur sur l'écologie en optique-lunetterie et qu'on me répond inlassablement que cette industrie n'est pas prioritaire pour nous accompagner dans la transition écologique ?

Avec un chiffres d’affaires de 7 millions d’euros, l’optique lunetterie génére un trafic de 16 millions de lunettes de vue vendues chaque année, 30 millions de verres ophtalmiques fabriqués ( à changer tous les 2 ans), 6 millions de lunettes de soleil, sans oublier les équipements sportifs, les lunettes de sécurité, les lentilles de contact…

Cela génère des milliers de tonnes de déchets pour une idustrie non prioritaire…

 

Monsieur Béchu,

Pour conclure...

Porter ses lunettes à la bouche lors d’une réflexion n’est pas si anodin que cela et j’espère que vous considérerez notre industrie plus prioritaire qu’elle ne l’est.

Dans tous les cas, nous nous tenons à votre disposition avec d’autres acteurs de l’industrie pour compléter ces informations environnementales concrètes pour décider en toute conscience des bonnes réformes et législations à apporter dans notre industrie.

Carole RIEHL

PDG fondatrice Optic for Good