Le salon du Made in France 2023 ferme ses portes : cet événement rencontre un succès incontstable chaque année. Cependant, avec toujours un fond de polémique entre le Made in France et l’Origine France Garantie. 

A l’heure du changement climatique, cette pseudo-polémique ne prend pas en compte l’impact environnemental du produit français. Nous préférons rester chauvin et pérenniser nos emplois sans savoir si ces emplois seront maintenus dans l’économie de demain.

À l’heure où la quête de produits écoresponsables guide de plus en plus nos choix de consommation (pour le 3/4 des français selon l’ADEME), une réflexion approfondie sur l’Origine France Garantie s’impose.

Récemment, nous avons pu lire dans un article de Presse Optic que le consommateur français a plus confiance à l’indicatif « made in France » que celui du label plus exigent « Origine France Garantie » appuyé sur une étude récente. Un comble !

Alors comment se retrouver dans tout cela ?

👉 Nous vous proposons dans cet article de mieux comprendre le mythe entourant l’Origine France Garantie, en plongeant dans les détails de son cahier des charges (pour les lunettes et verres… comme c’est notre domaine…).

👉 Nous examinerons également le rôle crucial des matières premières qui sont mises de coté dans le label Origine France Garantie.

👉 Suivi d’une analyse critique pour des consommateurs avertis cherchant à prendre des décisions éclairées dans leur quête d’une consommation véritablement durable.

👉 Pour finir sur un point essentiel qui clôturera le débat acheter français ou acheter écolo

Origine France Garantie : les critères pour les lunettes et les verres opthalmiques

Pour être certifié Origine France Garantie, les produits doivent respecter un cahier des charges précis avec :

  • Au moins 50% du prix de revient unitaire du produit est acquis en France.

  • Les caractéristiques essentielles du produit sont acquises en France.

Qu’est-ce que cela donne dans les détails pour les lunettes ?

Pour une monture en métal :

Ce qui doit OBLIGATOIREMENT être fait en France :

  • fabrication des faces et des branches
  • soudage des faces
  • pliage des faces
  • polissage
  • traitement de surface
  • laquage
  • assemblage 
  • finition

Pour une monture injectée :

Ce qui doit OBLIGATOIREMENT être fait en France :

  • moulage et injection des branches
  • moulage et injection de la face
  • polissage
  • coloration
  • décoration
  • assemblage
  • finition

Pour une monture en acétate :

Ce qui doit OBLIGATOIREMENT être fait en France :

  • mise en forme des faces
  • mise en forme des branches
  • traitement de surface
  • polissage
  • assemblage 
  • finition

La matière première et les pièces détachées, hors face et branches, ne sont pas obligatoirement d’origine française.

Pour un verre ophtalmique :

Ce qui doit OBLIGATOIREMENT être fait en France :

  • les étapes d’usinage pour obtenir la correction voulue
  • le traitement de la surface du verre 
  • les finitions 
  • le conditionnement

Il est notifié que les caractéristiques essentielles du verre doivent être réalisées impérativement en France… Mais pourquoi le palet semi-fini n’est-il considéré comme une caractéristique essentielles ?

L'importance de la matière première

La matière première est exclu des conditions du made in France et du label Origine France Garantie. Et pourtant, cette donnée est essentielle !

L’extraction et la production de matières premières, de combustibles et de nourriture contribuent à la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, selon un rapport de l’ONU. 

Ce rapport estime que :

  •  la consommation de matières premières comme les minerais, l’eau et les énergies fossiles a triplé depuis 1990.
  • la consommation par habitant de matières brutes est deux fois plus élevée dans les pays riches que pour la moyenne mondiale. (dans les pays développés, la consommation est de 27,1 tonnes par tête et par an contre 2 tonnes dans les pays pauvres).

Si cela n’est pas encore assimilé, voici quelques aspects généraux de l’impact environnemental des matières premières :

  1. Extraction et exploitation minière : L’extraction de matières premières telles que les métaux, les minéraux et les combustibles fossiles peut entraîner la destruction des écosystèmes, la dégradation des sols, la pollution de l’eau et la perte de biodiversité. Certains procédés d’extraction, comme l’exploitation minière à ciel ouvert, peuvent avoir des impacts particulièrement graves.

  2. Consommation d’énergie : La production de certaines matières premières, en particulier les métaux, peut nécessiter des quantités considérables d’énergie. L’extraction, le raffinage et le transport contribuent tous à l’empreinte énergétique globale.

  3. Émissions de gaz à effet de serre : Certains processus industriels liés aux matières premières émettent des gaz à effet de serre, contribuant ainsi au changement climatique. Par exemple, l’extraction minière et la production de titane génèrent des émissions significatives de CO2.

  4. Gestion des déchets : La production de certaines matières premières génère des déchets toxiques, et la gestion inadéquate de ces déchets peut entraîner des problèmes environnementaux graves.

  5. Utilisation des terres : L’expansion des activités d’extraction peut entraîner une utilisation accrue des terres, souvent au détriment des écosystèmes naturels et des communautés locales.

  6. Épuisement des ressources : L’exploitation non durable des matières premières peut conduire à l’épuisement des ressources naturelles, ce qui peut avoir des conséquences à long terme sur la disponibilité des matériaux essentiels.

 80% de l’impact d’un produit est déterminé au moment de sa conception : donc ne mettons pas cette donnée de coté.

Le débat sans fin du "acheter français" ou "acheter écolo" ?

Revenons quelques instants sur le thème du départ du produit réellement français et l’écologie.

Le choix entre consommer des « produits locaux » ou des « produits écologiques provenant de plus loin » dépend de divers facteurs et peut être complexe.

Voici quelques considérations à prendre en compte :

1. Distance de transport :

Les produits locaux ont généralement une empreinte carbone plus faible en raison de la réduction des distances de transport. Cependant, cela dépend du mode de transport utilisé et de l’efficacité énergétique de ce dernier.

Certains produits écologiques importés peuvent être expédiés de manière plus efficace ou fabriqués dans des conditions environnementales plus favorables, compensant ainsi une partie de l’impact du transport.

2. Méthodes de production :

Les produits locaux peuvent être associés à des méthodes de production non durables.

Cependant, des produits écologiques importés peuvent provenir de régions où des pratiques de production plus respectueuses de l’environnement sont utilisées.

3. Soutien à l'économie locale :

L’achat de produits locaux soutient l’économie locale, stimule les entreprises locales et contribue au maintien d’emplois dans la région.

L’achat de produits écologiques importés peut également soutenir des initiatives environnementales dans d’autres régions du monde, encourageant des pratiques agricoles ou de fabrication durables.

4. Disponibilité des produits :

La disponibilité de certains produits écologiques peut varier en fonction de la région. 

Parfois, il peut être difficile de trouver des alternatives locales pour certains produits.

5. Label écologique :

Il est important de vérifier les labels écologiques sur les produits, indépendamment de leur origine. Certains produits importés peuvent être certifiés écologiques, tandis que certains produits locaux peuvent ne pas suivre des pratiques durables.

Pas si simple mais nous devons acheter en connaissance de cause, et non à travers une fausse excuse.

Et si la solution venait de l'analyse complet du cyle de vie du produit ?

Comment peut-on tergiverser sur l’importance de l’un et celle de l’autre si on ne connait pas l’impact environnemental réel et chiffré du produit ?

Et voilà qu’intervient une données primordial : l’ACV.

L’analyse du cycle de vie (ACV) se positionne en tant qu’outil necessaire pour évaluer de manière globale et multi-critère les impacts environnementaux.

Cette approche standardisée offre une mesure précise des conséquences mesurables que les produits (ou services) peuvent avoir sur leur environnement.

En détaillant et quantifiant les flux de matière et d’énergie tout au long du cycle de vie des produits, l’ACV offre une vision exhaustive des interactions humaines avec l’environnement.

Elle vise à évaluer les potentiels impacts générés, suivis d’une interprétation des résultats obtenus en accord avec les objectifs initiaux définis. Une méthodologie incontournable pour appréhender de manière approfondie les répercussions écologiques de nos choix de produits et de services.

En prenant un exemple simple avec la tomate, nous remarquons la différence et l’origine France n’est pas une garantie d’impact environnemental faible.

Pas d’exemple comparatif pour l’industrie de la lunetterie car il y a peu d’étude, peu de résultat, peu de communication.

Quel conclusion avoir à la fin de cet article ?

La votre !

A vous de faire votre propre idée et l’importance que chaque donnée a et selon votre engagement.

Chez Optic for Good, nous avons pris la décision d’ajouter l’ACV dans l’audit des marques de lunettes afin d’ajouter un argument concret dans l’impact environnemental des lunettes réellement écoresponsables.

Cet ACV nous l’avons construit point par point avec le peu de données existantes et notre propre unité fonctionnel. Il a été construit pour reprèsenter au plus juste l’impact des lunettes que nous labellisons.

Ce service sera étendu aux marques qui voudront savoir sans pour autant etre labellisé.

En tout cas, c’est un début de base pour se rendre compte de l’impact réel des lunettes dans notre consommation.