Le bio est mangé à toutes les sauces. Et en optique-lunetterie, on voit apparaitre des bio-polymères dans les nouveaux composants.
Lors d’une enquête précédente qui m’avait emmené à chercher si on pouvait qualifier une monture bio (ce n’est pas le cas), aujourd’hui, je suis amenée à enquêter sur la sémantique des biopolymères avec sa famille des bio-plastiques, bio-compatibilité et la bio-dégradabilité.
J’ai eu une conversation téléphonique très intéressante, courant 2020, avec Claude Janin. C’est un ingénieur chimiste qui a beaucoup travaillé sur les matériaux biosourcés et biodégradables. Maintenant à la retraite, mais toujours actif pour développer des nouveaux biopolymères.
Nous avons abordé la question du biopolymère ensemble et j’ai vu avec lui les différentes définitions de ce terme en parlant de bioplastique, de biodégradabilité et de biocompatibilité.
Je profite de cette thématique pour compléter cette conversation par une enquête sur la notion de biosourcé et de la matière compostable. Pour finir enfin sur les exemples de matière de ce genre en optique-lunetterie.
On ne parle pas de biopolymère
Biopolymère : il faut savoir qu’il s’agit d’un terme imprécis pour les scientifiques comme Claude Janin. C’est un mot qui fait partie du répertoire marketing qui a tendance à obscurcir l’origine d’un matériau.
Et comme nous sommes dans la précision, ce mot biopolymère représente, en fait, 3 catégories de polymère :
Le bioplastique
C’est le plus connu . C’est un plastique biosourcé dont son origine est végétal ou animal. Les matières proviennent de la biomasse, considérées comme renouvelables et non issues des matières fossiles.
Exemple : fibres biosourcés : coton, laine, soie. Et aussi le lin, le chanvre, le caoutchouc naturel ou encore le bambou
Le polymère biodégradable
C’est un polymère qui se décompose :
- soit en compostage industriel
- soit en compostage naturel.
On peut dire aussi qu’il est “bio-assimilé” par l’environnement sous l’action de micro-organismes et de certains facteurs extérieurs.
Un polymère se biodégrade dans différents milieux et en particulier, il doit à terme se biodégrader dans les milieux aqueux marins.
Exemple : La caseine, la cellulose, l’amidon, le PLA, et tout autre polymère issu de la fermentation du sucre et de déchets alimentaires, de boue etc… Mais également les polyesters bio ou pétrosourcés.
Attention : La loi anti-gaspillage du 10 février 2020 prévoit d’interdire l’apposition du terme “biodégradable” sur un produit ou un emballage au même titre que l’expression “respectueux de l’environnement” (Sources Zerowaste France)
Le plastique biocompatible
Ici, le « bio- » indiquera sa compatibilité avec les tissus biologiques et non son origine de la Nature…
Ils peuvent être soit compatibles avec le corps humain (prothèse par exemple) soit biorésorbable.
Ainsi, les plastiques biocompatibles sont des polymères utilisés en médecine soit :
- pour des applications particulières,
- pour remplacer la/les fonctions d’un organe(s) (= bioinerte)
- pour avoir des échanges avec le milieu où il est (=bioactif).
Exemple : le PLA qui est résorbable dans le coprs humain.
NB sur le biosourcé
Il faut préciser qu’un plastique biosourcé ne sera pas nécessairement plus facilement biodégradable. De même, un polymère biodégradable ne sera pas obligatoirement biosourcé … Car tout dépendra de la structure chimique du polymère.
D’autre part, le terme biosourcé signifie qu’un polymère peut etre en partie ou totalement conçu à partir de la biomasse. Donc, il faut etre vigilant sur la proportion de matière biosourcée dans un matériau si on a la chance que cela soit indiqué. Aussi vigilant sur l’origine mais ça c’est une autre histoire…
Tout de même, pour anticiper certains avis sur l’origine des plastiques biosourcés, je précise que selon des données publiées par European Bioplastics, la production de bioplastique était de moins de 0,02 % de la superficie agricole mondiale en 2018. Et si 10 % des plastiques du marché étaient biosourcés, cela représenterait seulement 0,54 % de la surface agricole utile europèenne. Néanmoins, actuellement, le monde de la recherche s’oriente plus sur une production de bio-polymères issue principalement de déchets organiques (déchets agricole, résidus de récoltes etc…). Tout cela afin de ne pas impacter les terres agricoles.
Pour rappel, nous avons abordé le sujet du polymère biosourcé avec le Pr Gérard dans cet article : Des lunettes en plastique : un abus de langage
Les matières compostables
Je fais une aparté sur la notion de compostage dans l’article suivant : Mes lunettes sont-elles réellement compostables?
Je vous invite à lire pour compléter cet article sur les biopolymères.
Le Biopolymère en lunetterie : qu'est-ce que c'est ?
En lunetterie, on peut trouver plusieurs type de biopolymère :
- Le PLA, de plus en plus présent dans la fabrication additive (imprimante 3D)
- Le coquillage
- L’algue
- Le ricin
- Le chanvre
- Le lin
Le but de la création de biopolymère, mise à par d’utiliser une matière non-petrosourcée, est d’améliorer la performance environnementale en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie fossile.
Ensuite, il faut faire la part des choses dans le discours très marketé des marques sur les avantages d’utiliser ce genre de matériaux.
Ainsi, en sachant maintenant ce qu’est un bioplastique, un polymère biocompatible, biodégradable, biocompostable et l’origine d’un matériau biosourcé, vous avez toutes les cartes en main pour reconnaitre une marque de lunettes honnête et engagée d’une autre superficielle.
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